jeudi 19 juillet 2018

Facebook, Instagram, et moi et moi et moi


Déjà, je vois ton sourcil courroucé et ton œil suspicieux. Tu pensais que j'avais ENCORE arrêté mon blog. Que j'allais refaire une pause de 4 ans et que cette fois, tu ne serais plus là pour me lire à mon retour. Que nenni ! J'étais juste occupée à bosser, à m'entrainer et à aller à la plage.
Mais voilà qu'aujourd'hui il pleut pour la première fois depuis 3 semaines, (enfin, il ne pleut pas, c'est juste le ciel qui respecte mon capital solaire...), alors je vais te parler de ma 2ème passion après la course à pied (non, pas les MM'S...) les réseaux sociaux.


Facebook - l'époque des dinosaures

J'étais bien tranquille, en 2007, à raconter des conneries sur les forums de femmes enceintes, après avoir participé à des mondes virtuels, des chats collectifs et autres joyeusetés que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. J'essaie pas de t'expliquer, si tu vois l'interface de ces dinosaures du virtuel, tu vas exploser de rire et recracher ta glace chocolat-amande-pistache sans gluten sans lactose sans sucre ajouté, et au prix qu'elle t'a coûté, je serais obligée de te faire un virement, donc on oublie.
Donc, j'étais sur copains d'avant et sur Doctissimo, quand ma cousine (une jeune) m'a parlé de « Facebook- tu connais pas ? – c'est génial ! – crée ton compte, voyons ! ». Et je me suis inscrite sur ce machin bleu et blanc tout en anglais auquel je ne comprenais absolument RIEN (le wall... les amis... et surtout l'affaire des Pokes... very obscur...) que j'ai laissé moisir dans un coin jusqu'à ce qu'il parle aussi français que moi et que j'y trouve enfin quelques connaissances lointaines à ajouter à mon micro cheptel d'amis virtuels.
Après avoir tracké ma famille, mes copains du collège les Augustins, ceux du lycée Xavier Marmier, puis mes potes de l'IUFM, j'ai entamé ma « grande période Facebook ».
Ce furent d'abord, les STATUTS PSEUDO MYSTÉRIEUX (extraits) : 
"Oh la la c'est fou ce qui m'arrive »
« Mauvais moment, c'est dur ! »
« Je ne sais pas comment je vais faire »
« Trop de chance aujourd'hui j'y crois pas ! » ... dont le but inavoué mais très facile à décrypter était de faire réagir les autres facebookiens, venus poser des questions, intrigués par cette accroche des plus obscures. 10 ans plus tard, quand je les relis, j'hésite à partir vivre en zone blanche (en Corrèze, par exemple) tellement c'était pathétique (mais je me rassure, on était nombreux à le faire, ce qui n'est pourtant pas nécessairement un signe d'intelligence).
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Puis, lorsque la photo nous a envahis, est venu le temps des innombrables clichés de mes mômes. Faut dire, elles étaient mignonnes. Et des jumelles, en plus, si c'est pas trop chou, comment s'en empêcher ! Tout allait bien, même si, au tout début, prendre des photos avec son appareil, brancher le câble, uploader tout ça, fallait vraiment avoir la foi et une motivation sans faille à montrer que ma vie était trop géniale (vu que les statuts ronchons n'avaient pas trop de succès, autant tester une nouvelle approche "perfect life happiness").
Tout ça dura bien gentiment à coup de « soirées mojitos » / « vacances à la mer » / « gaufres sur le port du Pouliguen »... jusqu'à ce que quelques personnes me répètent à de multiples occasions : « Ha oui, toi, tu es tout le temps sur Facebook » ou "ha ha tu racontes toute ta vie sur fesse de bouc".
Evidemment, des personnes qui n'interragissaient pas avec moi sur le réseau, jamais, et qui se contentaient de mater mes publications pour bien me faire remarquer un peu plus tard « en live » que j'étais une nolife avec une carte de fidélité premium que Mark Zuckerberg avait du me remettre en mains propres, lors d'une soirée au champagne, sans aucun doute.
Sourire crispé, réponse polie et un peu embarrassée, à la place de « Et donc toi aussi espèce de sous-marineuse de base qui passe son temps à mater mes publications mais ne peut même pas cliquer sur un pauvre petit like de peur d'abimer son vernis ! ».
Quelques crises existentielles plus tard (dont un sevrage d'un mois complet qui donna naissance à ce blog), je suis toujours inscrite sur le réseau. J'ai arrêté de poster certains trucs en soirée dont le seul propos était de montrer à certaines personnes que moi aussi je m'éclatais trop, bien qu'elles ne m'aient pas invitée à leurs 3 derniers apéros / dîners / concerts. Trop mesquin.
J'ai arrêté de penser que ma passion du running pouvait intéresser quelqu'un (à part ceux qui courent). Je continue à m'offusquer des conneries postées par certains de mes contacts (du genre, tableau comparatif qui prouve qu'au RSA c'est trop cool t'es un gros feignant mais tu gagnes plus que les braves gens qui bossent). J'ai cessé de croire que j'allais redevenir pote avec tous les gens que j'ai connu à 13 ans (déjà, car un certain nombre est fan du mouvement de Marine Le Pen...)
Facebook et moi, c'est je t'aime moi non plus, on est en phase d'observation, on se demande qui va quitter l'autre en premier, qui va récupérer la maison, et bien sûr, qui aura la garde des « amis ».

Instagram , instafriends, instalove


J'ai longtemps cru qu'instagram (IG, pour les intimes) était uniquement une application dévolue à la retouche photo avec de sympathiques filtres vintage qui donnent des allures old school / sans ride à tes portraits. Je suis parfois un peu lente à la compréhension et il m'a fallu un bon moment pour comprendre qu'il s'agissait aussi d'un réseau (et encore, je ne parlerai pas de ma nullité totale à m'adapter à snapchat, j'ai trop honte, je me sens comme le gars de la série « palace » qui s'excite en disant « je l'aurai un jour, je l'aurai ! ».
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Insta, donc, est un réseau social. Sur lequel on peut suivre des stars (j'ai longtemps suivi Britney Spears, si si, et je l'avoue parfois, ses petites robes moulantes me manquent...), des footballeurs, ou tout simplement des gens qui ont des passions proches des tiennes (le scrapbooking, la peinture, le foot, les voyages, la mode, la bouffe healthy, le fitness... les MM's?)
Comme facebook détestait le running, quand j'ai découvert que je pouvais poster là-bas des photos de mes modestes sorties pour la partager avec mes 20 followers, j'étais ravie. J'ai même changé de pseudo, au bout d'un moment, pour bien faire comprendre à ceux que ça n'intéressait pas trop, de quoi j'allais parler dorénavant.
Eivdemment, les premiers temps, je n'avais pas compris le système des hashtags. Je voyais bien que ça renvoyait à quelque chose, mais je ne comprenais pas pourquoi il fallait écrire #courir quand tu courais. Ça se voyait que je courais, avec les chiffres en bas de la photo, et le petit sigle Nike, en haut... Et puis, est-ce que quand tu te baignes, tu écris #jevaismebaigner sur la plage avant de plonger? Je ne crois pas !
Dernier écueil, je ne connaissais pas les codes secrets du running, ce qui me rendait très obscures les publications affichant fièrement les termes EF, AS10, RP et compagnie..
Ici, je marque une pause, et je prends 3 minutes pour expliquer quelques uns de ces sigles à ma sœur qui a la gentillesse de me suivre sur le réseau et de lire quelques unes de mes publications, par conséquent, que ceux qui connaissent tout ça par cœur m'en excusent par avance et sautent au prochain paragraphe.
EF : Endurance Fondamentale = le petit footing du dimanche matin à la cool en papotant avec ta copine, ce moment où tu te plains de Jean-Eudes, ton mari qui regarde trop le foot pendant la coupe du monde et n'a même pas emmené les enfants avec lui quand il est parti à Bricomarché (le rustre).
En réalité, de sombres calculs basés sur la fréquence cardiaque permettent d'établir avec précision la zone dans laquelle tu dois rester pour obtenir un bienfait sur ton rythme cardiaque (mais ça, c'est ptet une légende urbaine de runners, j'attends toujours les statistiques de la Fédération, enfin si Kylian Mbappé fait de l'EF, ok, moi aussi je veux bien m'y coller... ). En EF, tu es lent, mais tout le monde te félicite de te trainer. Par contre, si tu cours trop vite en EF, tu risques de te faire enguirlander par les puristes. Méfiance.
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AS10 ou 21 : le rythme auquel tu aspires sur ta prochaine course de 10km, ou semi marathon. C'est plus rapide que l'EF, tu as le droit de courir vite, mais pas pendant tout ton run, CALMONS-NOUS. En ce moment, le cours de mon AS10 est extra fluctuant, c'est pas bon signe, y pourrait y avoir un crach boursier à ma prochaine course.
RP : le Record Personnel ! Le graal ! Car oui, on le sait, tu n'es pas Usain Bolt. (Tu sais qui c'est?) Tu ne battras jamais le record de France pendant ta vie de coureur. Tu n'es même pas le champion de ton quartier, d'ailleurs. Plus modestement, tu aspires à battre tes propres chronos, à grignoter des minutes , des secondes... mais attention ! Pour certains, un RP doit être battu lors d'une course, et pas en entrainement. Un chrono annoncé par une montre sera rejeté par une bonne partie de la communauté des runners.... alors qu'il s'agit d'un record PERSONNEL. Mais pas tant que ça. C'est un record personnel officiel. (On m'a perdue, si on rajoute l'histoire des courses labellisées par la FFA, je vais en perdre mon latin, c'est trop compliqué ce master Running).
Je crois que ma sœur a eu assez de sigles pour aujourd'hui, je peux donc revenir à mon propos. Instagram ! Le paradis du running et de la runneuse. Des gens regroupés pour se motiver, s'encourager, se féliciter, toussa toussa. Des tas de nouveaux potes à se faire pour remplacer ceux qui t'ont lâchée car "tu cours trop et que tu vas t'abimer la santé à courir comme ça nan mais tu crois quoi."
Insta, c'est vraiment sympa. Par exemple, je vais courir un jour sur 2 à 7h tapantes depuis le début des vacances. Le fait de savoir que je vais faire un petit post sur le réseau avec une photo plus ou moins aboutie et un commentaire un peu débile me donne le petit coup de pied aux fesses qui me permet de sortir du lit. (car soyons sincères, j'ai plutôt envie de paresser au lit que de faire du fractionné, je suis normale... ). Et puis y a des posts rigolos, comme ceux de Maël, par exemple. Et puis y en a qui font rêver avec leurs projets de dingos, comme Camille ou Antoine. Y a les pros de la photos, les fanas des intervalles, les amoureux de la médaille. C'est vrai, quoi, sur Instagram, à me lire, on se croirait dans le monde de Charlotte aux fraises où tout est fraisi fantastique ! « Belle sortie ! Quel chrono ! Bravo pour tes efforts ! Ta motivation me fait rêver ! Bravo, c'est un truc de dingue que tu as fait ». #Happylife.
Mais.... sur insta, y a aussi des tricheurs. Ceux qui font des mega pauses avec la montre arrêtée pendant leurs sorties pour te faire croire qu'ils courent super vite. Ceux qui te montrent jamais ce que racontent leurs applis ou leurs montres, histoire que tu fouilles pas. Y en a même qui arrêtent leurs montres avant l'arrivée en course officielle pour avoir un meilleur chrono à afficher ! Y a aussi des gens qui ne supportent pas ceux qui courent moins vite (ou qui les méprisent), qui critiquent ceux qui font trop de courses, s'agacent de tous ceux qui ne respectent pas les sacro-saintes lois du running. Y a ceux qui se disent tes potes et te tournent le dos avant que tu aies le temps de dire « footing ». Y a ceux qui n'aiment pas telle équipe ou tel jeu de running. Ceux qui trouvent que telle appli c'est de la merde. Ceux qui courent depuis 3 ans et qui se prennent pour des coachs. Et évidemment, y a ceux qui te laissent tomber.
Finalement, les réseaux, c'est comme la vie. Y aura toujours des gens qui seront là pour toi quand tu en auras besoin, ou qui sauront t'appeler quand il le faudra. Y aura forcément des potes éphémères, des gens qui te quitteront. Y aura toujours des râleurs, des gens qui critiquent.
Mais comme dans la vie, tu seras libre de choisir qui tu suis, qui t'impressionne, qui te fait rire, qui te fait rêver. Pour les autres, je te conseille l'option « bloquer » !